mercredi 10 octobre 2012

Tour Book Therion - jours 10 et 11

JOUR 10.
Toulouse. Le Bikini est une splendide salle en banlieue toulousaine, dédiée aux soirées et aux concerts de tous poils. Tout (scène, loges, accès intérieurs, backstage, dépendances, circulation) y a été pensé pour faciliter la tâche de tous les intervenants d'un spectacle. Lorsque l'on bourlingue un peu de salle en salle de spectacle on voit assez rapidement la différence entre les salles réellement « dédiées » au spectacle, conçues-construites pour cette utilisation, hyper fonctionnelles, en général non située au coeur des villes, et celles où le propriétaire à racheté un bâtiment déjà existant pour le transformer tant bien que mal en lieu de spectacle, où rien, ou presque, n'est réellement ergonomique. Pour mémoire, le premier Bikini avait subi la catastrophe d'AZF de plein fouet en 2001 et le nouveau est né des cendres du premier, ailleurs, quelques années plus tard, vers 2007.

On est accueilli (comme des rois) à notre arrivée par des gars de l'assos SPM qui est organisatrice de l'événement (ciel !). Au premier coup d'oeil on comprend que l'équipe (tous en tshirts rouge), tous bénévoles, a visiblement l'intention que la soirée soit une réussite. Le bus tour de Therion est déjà dans la place, -c'est la règle- et leur matos déchargé, prêt à être monté. Petit (c'est une vue de l'esprit) brunch du matin en compagnie des musicos/chanteurs(teuses) de Therion qui finira par une impro de vieux standards jazzy américain par Thomas puis sa fille Linnéa, avec l'incroyable Stephan au piano. Un très bon moment face à d'authentiques artistes, si l'on en doutait encore. Et puis c'est toujours troublant de voir ensemble le talentueux Thomas et sa petite fillotte dont il ne peut renier la paternité vu à quel point elle lui ressemble.

Stefan est pour sa part sans doute le membre le moins intégré du groupe et sans aucun doute le plus « extra-terrestre ». Il est né en Suède d'un père marocain. Il a une forte (très) corpulence, visiblement parfaitement assumée, et une incroyable tignasse dread lockée qui le pose plus en musicien de reggae qu'en métalleux. En fait, c'est un pur musicien de jazz à l'origine, qui a commencé, accrochez-vous, par jouer de la guitare dans le style, assez virtuose, d'Ingwie Malmsteen. Avec un parcours pareil, le sieur ne pouvait évidemment pas être tout à fait ordinaire. Il a été appelé par Christofer Johnsson une semaine avant la tournée et a bossé tout le répertoire à l'arrache avant quelque répètes pour la mise en place. Il est doté d'un humour féroce et d'un franc parler à toute épreuve. En private joke, il ne cache pas sa surprise face au répertoire de Therion et notamment le chant lyrique qui y participe, ce qui est pour lui une quasi aberration (chacun son truc...). Il ne manque également pas de se moquer gentiment du big boss du band pour ses côtés un peu autoritaire et froideur scandinave. Sa vanne préférée, c'est s'adresser aux jolies filles, désolé, en ne leur laissant aucun espoir d'avancée sentimentale sur le thème du « we can only be friends » (« nous ne pourrons au mieux qu'être amis... »). Il baragouine également quelques mots de français, toujours les même, en s'adressant notamment aux femmes : « ma petite gauffre », « comment ça va ? », etc. Bref, pas vraiment un triste sire...

Donc pour ce retour en terre française, on avait l'ambition de mettre en pratique tout ce qu'on avait appris de nos 8 premières dates, après un set, disons « moyen », à Bilbao, la veille. Et ce fut au final un super super concert avec une ambiance de feu en fin de set, et le sentiment assez clair d'être « allé chercher » un public pas spécialement venu pour nous, qui s'est peu à peu laissé convaincre et emporté sur les terres d'Elyose. Un gros moment et sans aucun doute notre meilleur moment de scène depuis le début de la tournée, dans un endroit un peu magique pour le live et entouré d'une équipe prévenante comme jamais (presque de quoi être fier d'être français...). De très de bon augure avant notre date lyonnaise, autre échéance importante pour nous, petits frenchies, d'autant qu'Antoine jouera pratiquement à domicile...

J'oubliais : mention spéciale pour le repas du soir et les desserts, tous home-made par les membres de l'assos. En cours de repas, Thomas demandera l'attention de tous pour porter un toast en l'honneur de nos hôtes d'un jour et de leur cuisine. 

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JOUR 11.

Relâche. Pour ce second jour « sans », avec au programme un simple déplacement de Toulouse à Lyon, nous sommes convenus avec nos potes d'Antalgia de nous arrêter en chemin pour visiter la citadelle médiévale de Carcasonne. Stéphan, le clavier de Thérion, envisagea un instant de se joindre à nous mais dut finalement renoncer faute de moyen de transport. Donc visite de cette splendide cité fortifiée au pays du cassoulet pendant trois-quatre heures, quelques emplettes, quelques photos dans ce cadre exceptionnel, restau collectif et nous reprendrons la route en milieu fin d'après-midi pour nous arrêter à Valence, au Sud de Lyon, après avoir flirté avec la Méditerrannée, du moins depuis l'autoroute. Ce soir on enregistrera audio-vidéo notre prestation de manière à encore et toujours améliorer le show ; on n'est là pour ça, comme expliqué précédemment.

mardi 9 octobre 2012

Toor Book Therion - jours 7 à 9

JOUR 7.
Madrid. La salle n'est pas énorme. On partage un peu de la tension de nos partenaires d'Antalgia qui jouent, à leur tour, à domicile. La sensible et très talentueuse Bella, chanteuse d'Antalgia, appréhende un peu l'événement face à un public qu'elle sait particulièrement exigeant. Ce d'autant que Madrid est plus électro que métalleuse. Et ce soir, Bella cassera la barraque : le groupe est chaudement applaudi dès le premier morceau, libérant d'un coup les angoisses de notre camarade espagnole. Un bon moment par procuration... Puis, Elyose : le mythe des espagnols à sang chaud n'en n'est pas un : dès le permier morceau, comme pour Antalgia, ils seront « à fond dedans », réceptifs à notre musique et répondant du tac au tac aux invites de Justine. Un autre très bon moment que celui-ci. La contagion aidant, Antalgia et Elyose assisteront (très activement...) pratiquement à l'intégralité du show Thérion, depuis le haut des gradins (zone réservée), en se faisant visiblement remarquer depuis la scène, sans doute à la grande satisfaction de Therion. Justine n'a jusqu'à présent raté aucune des 6 premières dates. 

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JOUR 8.
Barcelone. Belle et vaste scène (on en attaque une série de sympas...). Mais avec un défaut : un max de résonnance des fréquences basses émises et reçues depuis la salle. En résumé, on va un peu jouer sur un volcan en activité... Grosse ambiance espagnole une fois de plus, très mâle, ce que Juss ne manquera pas de souligner pendant le concert.

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JOUR 9.

Bilbao. Dès l'arrivée, le sacro-saint brunch du matin (13H00...) avec les membres de Therion (Lori, Linnéa, Christian et Stefan). Depuis notre premier jour c'est un peu l'orgie de nourriture ; le mythe du musicien mal nourri en est vraiment un, au moins dans le confortable contexte d'une tournée. Et le serveur du matin, modeste, nous a prévenus que ce soir, ce serait « autre chose... ». Avec le recul, Justine se sent légèrement ridicule d'avoir rempli tous les placards du tourbus de provisions. Certains d'entre nous n'ont jamais autant mangé. Sinon, salle de 1800 personnes et scène de fou furieux (13mx8m). Un bon entrainement sur un « grand » stade avant le retour au pays pour Toulouse et Lyon, deux échéances importantes (aussi...) de notre agenda national. 

lundi 8 octobre 2012

Tour Book Therion jours 4 à 6

JOUR 4. 
Paris, le Bataclan. Grosse échéance pour Elyose, groupe parisien, avec une captation vidéo de surcroît, ce qui constituera une micro-pression supplémentaire. Show honorable au final mais, les jours suivant le démontreront, très en dessous de ce qu'Elyose est capable de donner et donnera en fin de tournée. L'accueil des parisiens fut chaleureux et les contacts d'après concert avec « notre (ancien ou nouveau !) public » particulièrement agréables (ainsi qu'avec la famille et les amis proches). En fin de show, le toujours très sérieux Christofer Johnsson, connu pour compter ses mots, balancera à Justine un laconique : « That was a great show... ». 





JOUR 5.
Rennes : salle de dimension moindre mais public hyper réceptif et très participatif. On est tombé un peu sous le charme et ce d'autant qu'on a eu droit à un rappel ; si, si !!! Et nous pulvériserons à Rennes nos records de venre de CD d'après concert. Comme quoi, quand on dit que « nul n'est prophète en son pays... ». Encore bravo les Bretons, et bretons de l'instant !!! On aura également la surprise de retrouver en fin de concert nos amis du groupe STAMINA, cousins métalleux électro.






JOUR 6.
Relâche sur la route de Madrid. Atmosphère un peu curieuse, à mi-chemin entre un jour de congé de métalleux et une légère frustration de ne pas jouer le soir. On fait escale en bord de mer, à Biarritz, sous un soleil de plomb et 24°C. Une pause de quelques heures au parfum de vacances un peu hors du temps, face aux surfeurs biarreaux sur des rouleaux de 4m de haut...



dimanche 7 octobre 2012

Tour Book Therion jour 2 et 3

JOUR 2.

Groningen. Arrivée dans les délais, soit vers 12H00. La loi du spectacle, c'est d'être là très tôt ; le tour manager sait alors que personne n'est susceptible d'être physiquement bloqué ici ou là, en chemin ; et donc tout va pouvoir tourner comme prévu... La salle est magnifique, c'est un amphithéâtre avec une scène sur vérins hydrauliques : on installe le matériel on stage au ras du sol et lorsque tout est OK, la scène s'élève alors d'un bon mètre.


JOUR 3.
Anvers : on est aujourd'hui en terre flamande. A se demander si Therion (comprendre Christofer Johnsson) ne s'est pas trompé d'adresse avec son beau nouvel album tout de français vêtu (« les fleurs du mal »). Apparemment, intelligent, le public local ne lui en tient aucunement rigueur et ne mélange pas querelle « ethnique » local et métal... 

Une anecdote, au passage : en fin de set de Therion, pendant le premier rappel du public, le chanteur, Thomas, et le guitariste, Christian, se précipitent backstage... Le premier se rend à un endroit où personne ne peut aller à sa place tandis que le second se jette sur son ordi/Wifi. Mais qu'est-ce qu'un prince du métal peut bien avoir à faire devant un ordi dans un moment aussi critique, alors que la salle s'époumone à demander le rappel du groupe ??? Consulter les mails de la banque, boursicotée, guetter un mail d'une admiratrice énamourée...??? Soudain, un hurlement ; notre homme ressort les bras en l'air, la gratte en bandoulière et le sourire jusqu'aux oreilles : « FOUR/ZERO !!! » et il repart en courant vers la scène... On comprend ensuite que tous les dimanches, son équipe de football fétiche argentine joue... 

Christian Vidal, en dépit de son nom est un bel argentin aux cheveux hyper longs auquel on peinerait à trouver un autre emploi que guitariste de métal tant il est magnifique dans ce rôle. Il est d'une gentillesse non feinte et très attentif aux autres (il échange des anecdotes avec tout le monde, même avec le personnel de service des endroits où nous sommes reçus et « nourris »). Il a une magnifique tenue de scène noire qu'il a fait faire sur mesure à Buenos Aires ; il ne lui manque qu'un splendide étalon noir, assorti, à chevaucher sur scène. Et chez Elyose, on n'est pourtant pas très clients des clichés métalleux, mais là, on aime, c'est le sans faute esthétique... On ne parlera évidemment pas de son niveau guitariste ni de ses compétences scéniques irréprochables. En fan de foot, il ne se déplace jamais sans son ballon de foot et dès qu’une pelouse est dispo à moins de 500m de la salle de concert, il recrute frénétiquement des amateurs pour se lancer dans des matchs improbables, les torses nus contre les textiles. Ghislain et Antoine (prof de sport) lui ont donné la réplique à Anvers. Bref, une jolie rencontre avec un vrai artiste doublé d'une belle personne.

Cette tournée pour nous est un laboratoire formidable : des salles entre 400 et 1000 personnes tous les soirs, un son de mammouth avec des moyens (mis à notre disposition) et une balance sonore impossibles à trouver dans des petites salles. Sur cette tournée, hors le fait de promouvoir notre musique, notre objectif est clairement de booster nos performances scéniques avec cette perspective quotidienne magnifique : tenir compte du show de la veille pour corriger, modifier, ajouter des éléments scéniques, et appliquer le tout....dès le concert du lendemain. Et ce, sur une vingtaine de dates. Donc on s'enregistre beaucoup et on débriefe, on analyse le soir au coin du feu (comprendre : pendant les déplacements de ville en ville, et dans les périodes de repos en backstage). Alors dans ce contexte, il y a parfois des concerts « référence », pour certains d'entre nous, après lesquels rien n'est plus pareil en termes d'aisance, d'appréhension (dans tous les sens du terme) de l'événement. Ce sera le cas de plusieurs d'entre nous sur ces trois premiers concerts. De bon augure à la veille de Paris même si on aurait évidemment préféré jouer en France réglés comme une machine de guerre en fin de tournée et non en début... Mais bon, pas de quoi faire la gueule tout de même.

samedi 6 octobre 2012

Tour Book Therion jour 1

Départ aux aurores, ce vendredi 28 septembre, début de notre aventure métallique trans-européenne. Le camping car est plein comme un oeuf ; trois occupants à bord. On récupère le retardataire (la foule (ouuuuuhhh) au RER du coin et hop, direction le Nord ! Les plus fatigués, après cette courte nuit, roupillent dans les couchettes-lits et les chauffeurs chauffent... Cinq heures plus tard, foi de GPS, nous sommes à l'Effenaar de EINDHOVEN, sorte de cube-mini Zénith en plein centre ville, accueillant 1300 personnes (debout). Le tourbus de Therion est déjà sur place ; il est midi, c'est le petit matin, les therionistes émergent peu à peu, arrivés très tôt le matin de leur Suède natale. 

Peu après, les quatre espagnols (+ leur manager) d'Antalgia arrivent également. On fait aussitôt connaissance, un peu timidement au début, et, très rapidement, le courant passe. On est visiblement parti pour beaucoup partager pendant ces 24 jours et ce sera déjà les déplacements car nous voyageons désormais ensemble. Ce sont des gars bien (dont une fille...) qui jouent un joli métal progressif souvent assez technique et sans doute moins « abordable », en live, que du Elyose, pour des publics qui n'ont pas eu la chance d'entendre le CD auparavant.

Au cours de cette journée, on croisera un à un, tous les membres de Therion, tous plus super sympas et d'un abord facile, les uns que les autres. Lori (Lewis) nous confie qu'elle appréhende de chanter en français devant nous ; Christian Vidal est déjà en pleine conversation de guitaristes avec Antoine ; Stefan (claviériste) nous raconte comment il s'est retrouvé à jouer dans Therion venant du jazz et nous caricature la musique du groupe avec beaucoup d'humour. La cohabitation s'annonce donc des plus agréables. Le grand manitou de la troupe, Christofer Johnsson arrivera, lui, en costard de boulot (….), traînant sa valise à roulette, en milieu d'après-midi.  

Bon premier concert, plutôt dans la détente, son correct, public (600 personnes) agréablement réceptif... On a même pris quelques métalleux du premier rang à chanter nos morceaux. Ces fans hollandais se présenteront à nous à la fin du concert, tout sourire. Un bon début en résumé ; et quel frisson d'avoir même été félicités par les membres de Therion ! On était fin prêt ; à présent, on se rode, on se chauffe, place au fine tuning...

Après s'être livrés au jeu des photos et dédicaces, on reprend la route vers minuit avec nos nouveaux amis espagnols, crevés, tant émotionellement que physiquement, pour s'arrêter sur la première aire d'autoroute croisée, pour une nuit qu'on espère réparatrice sur le parking poids lourds plein à craquer... 


A suivre...